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Spectacle :confession d'une jeune fille

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Spectacle :confession d'une jeune fille Conf1010




La confession d’une jeune fille est une des premières œuvres de Marcel Proust. Sorte de prémisse à La recherche du temps perdu, elle a été écrite par le célèbre auteur à 23 ans, et décrit l’amour fou d’une fille pour sa mère, amour qui les menera toutes les deux à leur fin. La pièce se joue au Ciné 13 Théâtre, le charmant établissement de Salomé Lelouch, fille du réalisateur du même nom. C’est d’ailleurs, pour l’anecdote, elle qui est à la billetterie ce soir là.

Une petite dizaine de tableaux, inspirés de Proust et de son texte, sont exposés à l’entrée de la salle. Ils sont tous peints par Sara Forestier. Si la jeune fille est actrice, elle n’est définitivement pas peintre : on est presque gêné devant les œuvres de Sara, à se demander « Mais pourquoi ??? », devant un portrait plus particulièrement : Mon Cher Oncle a les mêmes moustaches que Proust, mais sont tagguées sur lui « bois ma petite salope + alcool + ses moustaches + il a une petite kékette ! + on ne doit jamais faire une place au mal + fais une exception allez + bite dans le cul… », entre autre. Et on réitère : « Mais pourquoi ??? ».

Les lumières s'éteignent. Sara Forestier débute son texte dans un noir total, allongée sur le dos. « Enfin la délivrance approche. Certainement j’ai été maladroite, j’ai mal tiré, j’ai failli me manquer. Certainement il aurait mieux valu mourir du premier coup, mais enfin on n’a pas pu extraire la balle et les accidents de cœur ont commencé. » Elle parle de manière saccadée, outrageusement articulée, respectant de longs silences. Normal : cela fait 8 jours que son personnage est entre la vie et la mort, après s’être tiré une balle en plein cœur : c’est des coups à vous ankyloser la machoire ça.




Les lumières s’allument : la scène est nue, aucun décor, une simple chaise en bois est posée au milieu du plateau, (chaise qui a visiblement servi pour autre chose auparavant : on peut y lire l’inscription :GHOT», mot qui n’a, à priori, absolument rien à voir avec le spectacle). Les lumières sont sobres, certainement trop d’ailleurs, puisque l’éclairage de service aurait tout aussi bien fait l’affaire.

Lorsque Sara Forestier s’assoit sur la chaise, elle est méconnaissable : aucun maquillage, les cheveux attachés très serrés dans la nuque, l’air hagard, habillée d’un sweat sans forme et d’un jean déchiré, pieds nus. Il faut un moment pour s’habituer à son visage anguleux et ses traits tirés, déformés par une inhabituelle dureté. La didascalie est limpide : « Attention, je m’apprête à faire une performance ».




L'histoire se déroule lentement mais surement, la courte vie de cette jeune fille passionnée interpelle mais ne touche pas pour autant. Les phrases s’enchainent sans toujours avoir d'impact, malheureusement les ficelles de la mise en scène trop grosses : on imagine parfaitement Patrick Mille en face de sa comédienne «Bon alors là tu vas te lever, maintenant tu vas t’asseoir, cette phrase tu la diras vite, celle là plus doucement, ton personnage ne vit qu’à travers sa mère, tu ne vivras donc sur scène qu’en l’évoquant… ». Le texte est coupé par un premier interlude musicale qui fait sursauter la salle, une chanson des Rolling Stones, sur laquelle Sara exécute une petite danse de lutin qui se veut endiablée. Pendant ce temps là, on attend toujours un moment de théâtre



Car si le texte de Proust est une pure merveille, il n’est pour autant pas une pièce de théâtre. Premier obstacle. Et si Sara Forestier est sans aucun doute une actrice de cinéma prometteuse, elle n’est malheureusement pas – encore, qui sait ? – une comédienne de théâtre. D'une voix blanche, elle parcourt ces mots, se démène, se débat, mais malheureusement n'emporte pas totalement. Confusion des genres, quand tu nous tiens, là où il faut vivre au cinéma, il faut montrer sur scène, et ça n’est pas qu’un détail


Mais la pièce vaut tout de même un certain détour : elle est servie par une actrice étonnament puissante, qui surfe sur les émotions, donne une vraie leçon prouve qu’elle n’est pas seulement la petite zoulette que laisse entrevoir ses interviews. On souhaiterait presque sortir une caméra pour rendre justice à la pureté de son jeu qui, malheureusement, souffre d'un manque de technique pour ce qui est des planches. Ce qu’on peut tout de même concéder à Patrick Mille, c’est d’avoir réussi là où Florian Zeller a échoué l'année dernière : si La confession d’une jeune fille n’est pas un grand moment de théâtre, il permet en tous les cas de sublimer Sara Forestier




Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’actrice se donne corps et âme : elle déforme son visage dans des grimaces grotesques qui mettent particulièrement mal à l’aise, et elle n’hésite pas non plus à détacher ses longs cheveux blonds et à onduler langoureusement torse nu sous les lumières toujours aussi froides du plateau. Ces impudiques scènes sont, bizarrement, les seuls instants empreints de théâtralité : un corps sans tête, offert aux vices, une sorte de Venus de Milo empreinte de perversité, une vierge crucifiée, comme autant d’images qui nous sautent enfin aux yeux et nous parlent... Fallait-il vraiment déshabiller Sara Forestier pour parvenir à faire du théâtre ? Je ne me permettrais pas de répondre à cette question.

Fin du spectacle. Sara Forestier salue le public, ébranlée, épuisée par sa performance, encore choquée de ce qu’elle vient de donner. Comprenez : elle tire une gueule de trois mètres de long. Un faible sourire apparait sur son visage quand elle entend les quelques « bravos » qui fusent dans la salle. Elle remercie le public en joignant ses deux mains dans un merci, certainement inspiré de son mentor le Dalaï Lama, je sais, j’extrapole, mais quoi qu’il en soit le salue est le seul moment de la pièce qui m’a fait sourire (il faut dire que le texte ne prête pas à rire), au dépend de Sara Forestier certes, mais en tout bien tout honneur, et je tenais à le signaler




A qui souhaite obtenir une preuve du talent de cette jeune actrice prometteuse, à qui voudra voir la lecture améliorée d’une nouvelle de Proust, à qui voudra voir les seins de Sara Forestier, je recommande La Confession d’une jeune fille. A qui voudra voir une pièce de théâtre passera son chemin




Khiera
(notre nouvelle recrue)

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